Le solstice d'hiver Depuis la mémoire des temps,
Le solstice d'hiver
Depuis la mémoire des temps, les tribus les plus primitives fêtaient le jour le plus court de l'année, le 21 décembre,
jour du solstice d'hiver à partir duquel le soleil remonte
graduellement sur l'horizon. Dans le Nord et l'Est de l'Europe en
particulier, les rites teutons, germains et celtes, organisaient, dans
la joie, des fêtes pour le soleil renaissant, pour le feu et la lumière
nécessaires à la vie, symboles de chaleur et de prospérité. A Rome
aussi, du 19 au 26 décembre, les Saturnales étaient une période de
réjouissance où 1'on s'offrait déjà des cadeaux et où on honorait des
dieux.
Mais en 1'an 708 de Rome (vers moins 50 av. JC), un certain
Jules César qui aurait bien voulu se faire roi et dominer Rome, voulut
modifier le calendrier 1unaire du roi Numa pour le mettre en accord
avec le cours du soleil. Il créa le calendrier julien, base de notre
calendrier actuel. Le jour le plus court fut situé erronément le 25
décembre.
Le mithraïsme, d´origine
persane, fut importé à Rome en 68 av.J-C, par des légionnaires. Cette
religion respectait les dimanches comme jours sacrés et célébrait la
naissance de Mithra, dieu du soleil, le 25 décembre, " Dies Natalis Solis Invicti ".
L´empereur
Commode, 161-192, se fit initier aux mystères de Mithra.. Plus
tard, en 274, 1'empereur Aurélien, conquérant en Orient, fut le premier
empereur qui se soit fait diviniser de son vivant, voulant renforcer
ainsi son pouvoir politique et spirituel sur les multiples diversités
et sensibilités de son empire. Il imposa le culte du Soleil Invaincu
comme religion d´état lors de la célébration du 25 décembre.
Le Noël chrétien
L´histoire ne nous apprend pas quand est né Jésus, ni d´ailleurs
quelle fut exactement sa vie. Rebelle nationaliste juif contre
Rome ? Prédicateur intégriste de la secte des Esséniens contre l´establishment
en Palestine ? Personnage mystique et mythique formé par amalgame
de diverses traditions messianiques locales ? Construction de l´esprit gréco-romain cherchant à mettre une certaine rationalité dans le foisonnement des superstitions orientales ?
Peu importe d´ailleurs, sauf pour un historien rigoureux, puisque " Jésus " est un fait d´actualité encore au XXème siècle ; et les festivités de l´an 2000 nous le rappellent si nécessaire.
Certains textes historiques, et dans la mesure où l´on peut s´y fier, amènent à penser que Jésus est né un jour d'hiver, dans 1'hémisphère occidental, après le recensement de Quirinus. " Achélaus régnait depuis peu en Judée ", ce qui permet de placer la naissance de Jésus entre 7 et 4 avant 1'an 1. Selon d´autres sources, Jésus serait né au printemps.
Lorsque, bien plus tard, l'empereur Constantin (306-334) instaurera le
christianisme comme religion officielle de l'empire, les théologiens
fixent tout "naturellement" la fête de la naissance de Jésus "Soleil de
Justice" le 25 décembre, fête de 1'empire qui déjà reprenait la
tradition solaire.
La première célébration connue de cette
naissance date de 330, mais la première indication écrite de la
célébration le 25 décembre se trouve dans une chronographie de 354
seulement.
L´ère
chrétienne ou ère de la Nativité a été inventée en 532 par Denys le
Petit (ou le Scythe), qui plaçait la naissance du Christ le 25 décembre
de l´année 754 de l´ère de la fondation de Rome. Denys en fit l´an 1 de l´ère nouvelle (il n´y a pas d´année zéro de l´ère chrétienne, comme d´ailleurs d´aucune autre ère).
Conquise
de 59 à 51 av. JC, la Gaule voit ses structures sociales détruites par
la romanisation qui lui apporte paix et sécurité face aux invasions
germaines tout en limitant la liberté politique. La forte organisation
religieuse des Celtes basée sur le rô1e des druides sera également
ébranlée, ce qui permettra, para11èlement à la romanisation, une
christianisation assez aisée dès la fin du 1er siècle.
Il y aura d´abord l´introduction
en Europe, par les légions romaines, du culte de Mithra, et qui
préfigure le pré-christianisme des premiers siècles. Il y a d´ailleurs des ressemblances entre les deux cultes, ainsi, les premiers " martyrs " en Gaule sont souvent d´abord des légionnaires avant d´être transformés en " saints " ; quelques sanctuaires découverts en Europe du Nord en témoignent.
Puis il y aura l´arianisme, également importé de Rome et d´Orient par les légions romaines. Arius était fondateur d´une des premières églises d´Orient. Mais l´arianisme
se trouva ensuite condamné comme hérétique par le catholicisme romain
selon les aléas du pouvoir impérial à Rome et Constantinople.
Quoiqu´il
en fut, fixée le 25 décembre par Rome, la fête de Noël sera confrontée
à la fête du solstice d'hiver vécue le 21 décembre par la population
locale.La fête païenne sera, de gré ou de force, graduellement
interdite, et tout aussi graduellement, les rites, habitudes et
légendes du solstice vont se déplacer vers le 25 décembre imposé par le
dogme.
En fait, ce n'est que tout récemment, vers 1800-1850, que la
fête chrétienne s'est réellement popularisée ici et dans le monde,
suivant les conquérants, les missionnaires ou les émigrants européens.
En dehors de la messe commémorant la naissance de Jésus, pratiquement
tous les détails de cette fête rappellent le solstice ou sont des
éléments non-chrétiens d'origine que 1'on retrouve dans les contes et
légendes populaires de 1'Europe occidentale.
Le Père Noël : Personnage légendaire totalement non-chrétien, il distribuait depuis longtemps des jouets et des friandises aux enfants sages de tout le Nord de l´Europe. Dans l´article consacré à " St-Nicolas " a été évoqué le personnage de Hellequin, le roi " sauvage " qui évolua en se dédoublant en St-Nicolas et Père Noël.
Le sapin : Arbre toujours vert aux "feuilles" persistantes, typique de nos régions, il était depuis longtemps un signe de vie éternelle et de victoire sur les ténèbres.La tradition 1'avait déjà fixe en 800, même si la première description ne date que de 1521.
Le gui : Plutôt attaché au Nouvel-An, son origine druidique est évidente.
Le repas de Noël était de tradition solsticiale chez les Teutons.
La bûche : Actuellement gâteau, c'est un rappel. de la bûche qui brûlait pendant la veillée et dont on recueillait les cendres car elles avaient des propriétés merveilleuses.
Les cadeaux : La coutume de s´offrir des cadeaux vient des Saturnales romaines.
La rose de Noël : L´hellébore noire est cette plante dont les feuilles refuges flamboyantes rappellent le feu et la. légende des plantes et buissons qui se mettaient à fleurir quand "renaît" le soleil.
D'autres éléments magiques proviennent des anciens récits populaires où 1'heure de minuit, heure des miracles, transforme tout événement insignifiant en quelque chose de particulier : 1'eau des puits se change en vin, les cloches souterraines se mettent à sonner, les abeilles vocalisent dans les ruches et les brebis s´agenouillent, les chevaux et les vaches parlent ensemble.
La crèche de Noël : Expression d'art local, elle rappelle ces représentations simplistes qui se jouaient devant 1'eglise. La messe sera. progressivement suivie d'une fête à domicile, et la représentation passera graduellement sur les fresques, les peintures et bientôt en 3 dimensions sous forme des crèches dans la maison.
Les chants de Noël aussi reprennent souvent la grande liberté des chants populaires et l'on y entend parfois des retours aux sources païennes, et toujours le rappel des hivers d'Europe occidentale quel que soit le lieu du monde où on les chante.
Le chant de Noël, par excellence, le "Stille Nacht" lui-même fut crée en 1818, en Allemagne, à Oberndorf, village de montagne isolé. Il fut composé par 1'instituteur en chef Franz Xavier Gruber et le jeune ecclésiastique Joseph Mohr qui voulaient créer une mélodie de circonstance pour leur village. Ils 1'accompagnèrent à la guitare, car les orgues de leur petite église étaient essoufflées. En langage moderne, ce chant a tous les éléments d'un "tube", paroles simples, simplification des événements, répétition de la dernière. phrase a chaque couplet et mélodie agréable a 1'oreille qui transmet la solitude et le sentiment d'attente imaginable en ce lieu perdu et à cette époque.