La femme Européenne (Partie 2)
La femme Européenne d'hier à aujourd'hui !
En
contraste saisissant par rapport au statut reconnu à la femme dans les
société de l'Europe, le christianisme apporte, en s'implantant sur le
sol européen, à la fin de l'Antiquité et au début du Moyen-âge, la
vision fidèlement héritée de
C'est
dans les Epitres de Paul qu'on voit le plus clairement le rappel du
rôle assigné à la femme, entièrement basé sur la soumission. Portant,
on le sait, Paul a beaucoup fait pour ouvrir au christianisme les voies
du monde non-juif, le monde des Gentils, afin de donner à sa religion
une vocation universelle. Mais Paul n'en reste pas moins marqué par ses
origines et il « n'est qu'un juif qui vit en milieu juif, qui
se veut efficace et sait bien que l'on accorde peu de foi à ce que
disent les femmes ». Il est donc catégorique, dans les
messages de direction morale qu'il adresse aux communautés chrétiennes
avec lesquelles il est en contact : « Que vos femmes se
dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler, mais
qu'elles soient soumises comme le dit aussi la loi. » (I Corinthiens, XIV, 34-35). La femme, donc, « doit se tenir dans le silence » et porter un voile, symbole de soumission, car « la femme ayant été tirée de l'homme, doit avoir sur sa tête un signe de sujétion » (I Corinthiens, XI, 4-10). Jean-Paul Roux rappelle la signification d'une telle obligation : « Dans
l'Antiquité, avoir la tête couverte était le propre des esclaves et les
juifs priaient en mettant un calot sur leur tête, comme ils le font
encore et comme font les musulmans, parce qu'ils étaient esclaves de
Dieu, alors que les Grecs priaient tête nue. Affranchis par le Christ,
devenus fils de Dieu, les chrétiens n'avaient plus à se couvrir, mais
les femmes le devaient ». On sait qu'il n'y a encore pas si
longtemps il eût été impensable qu'une femme pénétrât dans une église
tête nue (« en cheveux », comme on disait avec mépris)
Ajoutons
pour compléter le tableau paulinien, l'exaltation de la virginité (qui
restera une constante dans le christianisme), la sexualité étant tout
de même admise, mais comme un mal inévitable vue la faiblesse humaine (« Si vous brûlez, mariez-vous »).
La femme au cur de la culture Européenne
Pourtant
bien des femmes, dans la société romaine agonisante, ont été séduites
par le message consolateur du christianisme, qui offrait une
échappatoire à un monde trop dur. Et les chrétiens pour recruter de
nouveaux adeptes, ont utilisés les femmes comme cheval de Troie, afin
de pénétrer la société païenne et en prendre le contrôle. Avec, certes,
quelques questions épineuses qui surgissent : si les femmes sont
si habiles pour diffuser le christianisme, n'est-il pas normal de
conférer à certaine la prêtrise, voir l'épiscopat- les Païens ayant
bien, eux, des prêtresses? Montan et ses disciples- parmi lesquels des
prophétesses, qui accompagnaient le maître- en sont de chauds
partisans. Mais ils sont dénoncés et pourchassés comme déviationnistes
par une Eglise catholique qui bâtit en grande partie son autorité sur
l'exclusion de ceux qu'elle condamne avec l'épithète infamante et
périlleuse d' « hérétiques ».
Mais
la femme, faute d'être prêtre, peut-elle être épouse du prêtre ?
Après bien des tergiversations l'Eglise catholique répondit par la
négative (à la différence de l'Eglise orthodoxe et des Eglises
réformées). Mais cet interdit fut, dans bien des cas, violé, plus ou
moins ouvertement.
Car
le christianisme a dû composer et accepter la conception européenne de
la femme, si contraire a une misogynie congénitale au
judéo-christianisme et
qu'essayent d'entretenir certains ecclésiastiques : Saint-Ambroise
affirme que le péché originel se transmet par l'acte d'amour, saint
Augustin devenu évêque se méfie tant des femmes qu'il ne veut parler à
aucunes d'elles (« le désir des voluptés charnelles me tenait étroitement enchaîné »
assure-t-il en se souvenant de sa jeunesse), quant à l'abbé Odon de
Cluny, au Xe siècle, qui reprend à son compte saint Jean de
Chrysotome(IVe-Ve siècles), il décrit la femme comme un « sac de
fiente »
Ces aberrations sont la version extrême de la méfiance de principe à l'égard de la femme, que
D'abord
au plus haut niveau social, celui des princesses et des reines qui
exercent, très naturellement, sur leur royal époux une influence qui
peut-être parfois déterminante. L'exemple le plus magistral est fourni
par cette Clotilde, burgonde et catholique, qui amène Clovis, son roi
franc- et païen- de mari à adopter « la vraie foi »
ce qui
lui procure le soutien de l'influent épiscopat gallo-romain pour
imposer sa tutelle à ses rivaux, rois Germaniques comme lui mais qui
ont le grand tort, du point de vue catholique, d'être ariens,
c'est-à-dire hérétiques. La propre mère de Clovis, la belle Basine,
fille du roi des Thuringiens, avait d'ailleurs démontré la grande
liberté d'initiative des femmes germaniques en quittant son premier
mari pour aller épouser, de l'autre côté du Rhin, un autre prince qui
lui plaisait davantage
Quant à Ingonde, épouse franque du roi des
Wisigoths, elle ramena à l'orthodoxie catholique son époux arien et ce
travail d'agent recruteur fut initié par d'autres princesses
téléguidées par leur directeur de conscience (rôle tenu par l'évêque de
Reims, Rémi, auprès de Clotilde).
La
beauté de la femme, chantée par les troubadours dans la douceur de
vivre occitane, est célébrée aussi, en terre celtique, par la tradition
arthurienne, au centre de laquelle la femme celte devient fée :
Viviane est inséparable de Merlin l'enchanteur. Le Graal, l'antique
chaudron du breuvage d'immortalité, cette coupe sacrée emplie du
porteur de vie, le sang n'est-il pas la traduction symbolique de
l'utérus ? Dans son Parzifal, dont le message ésotérique
va à l'essentiel, Wolfram von Eschenbach ne tremble pas en écrivant que
le combat pour la protection de la femme est prioritaire, de façon
absolue, même par rapport à la défense de Dieu. Que voilà donc un
propos bien hérétique
mais qui a enchanté ses auditeurs- et auditrice-
de l'aristocratie européenne.
Comme il savait le faire, Michelet a tout dit en quelques mots : dans l'Europe du Moyen âge, « la femme règne dans le ciel, elle règne sur la terre ». André Le Chapelain, dans son Traité de l'amour (début
XIIe siècle) écrit sans hésiter que les femmes sont « l'origine et
la cause de tout bien ». On est loin d'Eve complice du diable
Prêtresse
de l'amour, la femme médiévale vient nous dire, avec Iseult, que la
force de l'amour défie la mort et en est victorieuse. Poétesse, Marie
de France fait de l'amour l'axe et l'âme de son uvre. Quant à Dante,
la puissance des yeux de Béatrice est telle qu'il y voit meilleur moyen
d'accéder à Dieu !
Dieu
n'intervient-il pas, d'ailleurs, par le bras armé d'une femme pour que
renaisse l'espoir, aux jours les plus sombres ? C'est tout le sens
de la mission de Jeanne d'Arc, que chante Christine de Pisan : « L'an mil quatre cent vingt neuf, reprit à luire le soleil ».
Plus
discrètes mais tout aussi agissantes, ces femmes de paysans de l'Europe
médiévale que l'on voit, dans les actes de vente ou d'achats de terre-
et aussi dans les testaments- donner expressément leur accord pour
toute décision mettant en jeu le patrimoine familial. La femme,
gardienne du foyer, est, au sens plein. La maîtresse de maison et
veille sur les intérêts de la lignée.
Il
ne faut cependant pas idéaliser : à la fin du Moyen âge ceux qui
diabolisent la femme n'ont pas désarmé et un inquisiteur dominicain
affirme : « Son aspect est beau, son contact est fétide, sa compagnie mortelle. » Il est vrai que le métier de ce saint homme est de traquer et d'exterminer les sorcières (son ouvrage s'intitule Le marteau des sorcières )
et pour lui il y a évidemment, en toute femme une sorcière qui
sommeille
Tant de femmes, décrétées sorcières, sont mortes brûlées
vive sur les bûchers, aux XVIe et XVIIe siècles, qu'il faut beaucoup
corriger la vision trop optimiste donnée souvent de
Le mépris bourgeois de la femme
D'autant
que l'époque moderne voit la montée en puissance d'une bourgeoisie déjà
misogyne dans ses fabliaux du XIIe siècle, où il est dit que
« Femme est faite pour tromper ». De Louis-Philippe à
La
revanche des femmes vient avec la guerre de 1914-18 : les hommes
paralysés dans la boucherie des tranchées, elles font face et assument,
en serrant les dent. Beaucoup d'entres elles ne verront pas revenir le
fiancé, le mari, les frères, les fils
Leurs filles et petites filles
s'en souviendront et n'oublieront pas le message.
L'émancipation des
femmes, qui est la révolution culturelle la plus importante du XXe
siècle est pour un Européen forcément positive. Mais, comme toute
révolution, celle-ci peut déraper, contenir le meilleur mais aussi le
pire. Les outrances du féminisme, qui prétend libérer las femme en
niant ou ridiculisant la féminité, débouchent sur la négation des
spécificités masculine et féminine, font entrer dans le domaine de
l'absurde et nuisent plus que tout à la cause qu'il prétend défendre.
La
nécessité d'atteindre un judicieux équilibre dans la répartition des
rôles entre l'homme et la femme, basée sur les réalités de la nature,
s'inscrit dans les meilleures traditions européennes et, depuis Platon, le
thème de l'union des contraires est au cur de la pensée européenne. Il
est clair qu'un tel modèle sociétal est incompatible tant avec le port
du voile importée par les Sarrasins, qu'avec l'hystérie de style MLF.
En fait, la conception qu'on se fait de la place et du rôle de la femme
est bel et bien un choix de civilisation.
Les « vénus » préhistoriques aux formes généreuses trouvées en bien des régions d'Europe, de