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Europe identité
5 janvier 2005

La femme Européenne (Partie 2)

La femme Européenne d'hier à aujourd'hui !

 

En contraste saisissant par rapport au statut reconnu à la femme dans les société de l'Europe, le christianisme apporte, en s'implantant sur le sol européen, à la fin de l'Antiquité et au début du Moyen-âge, la vision fidèlement héritée de la Bible qui est celle du christianisme des origines, autrement dit le judéo-christianisme !

 

C'est dans les Epitres de Paul qu'on voit le plus clairement le rappel du rôle assigné à la femme, entièrement basé sur la soumission. Portant, on le sait, Paul a beaucoup fait pour ouvrir au christianisme les voies du monde non-juif, le monde des Gentils, afin de donner à sa religion une vocation universelle. Mais Paul n'en reste pas moins marqué par ses origines et il «  n'est qu'un juif qui vit en milieu juif, qui se veut efficace et sait bien que l'on accorde peu de foi à ce que disent les femmes ». Il est donc catégorique, dans les messages de direction morale qu'il adresse aux communautés chrétiennes avec lesquelles il est en contact : « Que vos femmes se dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler, mais qu'elles soient soumises comme le dit aussi la loi. » (I Corinthiens, XIV, 34-35). La femme, donc, « doit se tenir dans le silence » et porter un voile, symbole de soumission, car « la femme ayant été tirée de l'homme, doit avoir sur sa tête un signe de sujétion » (I Corinthiens, XI, 4-10). Jean-Paul Roux rappelle la signification d'une telle obligation : « Dans l'Antiquité, avoir la tête couverte était le propre des esclaves et les juifs priaient en mettant un calot sur leur tête, comme ils le font encore et comme font les musulmans, parce qu'ils étaient esclaves de Dieu, alors que les Grecs priaient tête nue. Affranchis par le Christ, devenus fils de Dieu, les chrétiens n'avaient plus à se couvrir, mais les femmes le devaient ». On sait qu'il n'y a encore pas si longtemps il eût été impensable qu'une femme pénétrât dans une église tête nue (« en cheveux », comme on disait avec mépris)…

Ajoutons pour compléter le tableau paulinien, l'exaltation de la virginité (qui restera une constante dans le christianisme), la sexualité étant tout de même admise, mais comme un mal inévitable vue la faiblesse humaine (« Si vous brûlez, mariez-vous »).


La femme au cœur de la culture Européenne

Pourtant bien des femmes, dans la société romaine agonisante, ont été séduites par le message consolateur du christianisme, qui offrait une échappatoire à un monde trop dur. Et les chrétiens pour recruter de nouveaux adeptes, ont utilisés les femmes comme cheval de Troie, afin de pénétrer la société païenne et en prendre le contrôle. Avec, certes, quelques questions épineuses qui surgissent : si les femmes sont si habiles pour diffuser le christianisme, n'est-il pas normal de conférer à certaine la prêtrise, voir l'épiscopat- les Païens ayant bien, eux, des prêtresses? Montan et ses disciples- parmi lesquels des prophétesses, qui accompagnaient le maître- en sont de chauds partisans. Mais ils sont dénoncés et pourchassés comme déviationnistes par une Eglise catholique qui bâtit en grande partie son autorité sur l'exclusion de ceux qu'elle condamne avec l'épithète infamante et périlleuse d' « hérétiques ».

Mais la femme, faute d'être prêtre, peut-elle être épouse du prêtre ? Après bien des tergiversations l'Eglise catholique répondit par la négative (à la différence de l'Eglise orthodoxe et des Eglises réformées). Mais cet interdit fut, dans bien des cas, violé, plus ou moins ouvertement.

Car le christianisme a dû composer et accepter la conception européenne de la femme, si contraire a une misogynie congénitale au judéo-christianisme et qu'essayent d'entretenir certains ecclésiastiques : Saint-Ambroise affirme que le péché originel se transmet par l'acte d'amour, saint Augustin devenu évêque se méfie tant des femmes qu'il ne veut parler à aucunes d'elles (« le désir des voluptés charnelles me tenait étroitement enchaîné » assure-t-il en se souvenant de sa jeunesse), quant à l'abbé Odon de Cluny, au Xe siècle, qui reprend à son compte saint Jean de Chrysotome(IVe-Ve siècles), il décrit la femme comme un « sac de fiente »…

Ces aberrations sont la version extrême de la méfiance de principe à l'égard de la femme, que la Bible a léguée au christianisme : « On peut dire que toute la genèse de la civilisation chrétienne s'est effectuée dans une atmosphère d'attirance passionnée pour la féminité et d'extrême méfiance vis-à-vis des femmes et des rapports physiques et intellectuels que les hommes peuvent avoir avec elles ». Ceci dit, les obsessions d'un saint Ambroise, d'un saint Augustin, d'un saint Jean Chrysotome… et de beaucoup d'autres, sont marginales, en ce qui concerne leur impact, dans les sociétés de l'Europe médiévale où la femme tient, de fait, qui lui revient selon les traditions européennes.

D'abord au plus haut niveau social, celui des princesses et des reines qui exercent, très naturellement, sur leur royal époux une influence qui peut-être parfois déterminante. L'exemple le plus magistral est fourni par cette Clotilde, burgonde et catholique, qui amène Clovis, son roi franc- et païen- de mari à adopter « la vraie foi »… ce qui lui procure le soutien de l'influent épiscopat gallo-romain pour imposer sa tutelle à ses rivaux, rois Germaniques comme lui mais qui ont le grand tort, du point de vue catholique, d'être ariens, c'est-à-dire hérétiques. La propre mère de Clovis, la belle Basine, fille du roi des Thuringiens, avait d'ailleurs démontré la grande liberté d'initiative des femmes germaniques en quittant son premier mari pour aller épouser, de l'autre côté du Rhin, un autre prince qui lui plaisait davantage… Quant à Ingonde, épouse franque du roi des Wisigoths, elle ramena à l'orthodoxie catholique son époux arien et ce travail d'agent recruteur fut initié par d'autres princesses téléguidées par leur directeur de conscience (rôle tenu par l'évêque de Reims, Rémi, auprès de Clotilde).

La beauté de la femme, chantée par les troubadours dans la douceur de vivre occitane, est célébrée aussi, en terre celtique, par la tradition arthurienne, au centre de laquelle la femme celte devient fée : Viviane est inséparable de Merlin l'enchanteur. Le Graal, l'antique chaudron du breuvage d'immortalité, cette coupe sacrée emplie du porteur de vie, le sang n'est-il pas la traduction symbolique de l'utérus ? Dans son Parzifal, dont le message ésotérique va à l'essentiel, Wolfram von Eschenbach ne tremble pas en écrivant que le combat pour la protection de la femme est prioritaire, de façon absolue, même par rapport à la défense de Dieu. Que voilà donc un propos bien hérétique… mais qui a enchanté ses auditeurs- et auditrice- de l'aristocratie européenne.

Comme il savait le faire, Michelet a tout dit en quelques mots : dans l'Europe du Moyen âge, « la femme règne dans le ciel, elle règne sur la terre ». André Le Chapelain, dans son Traité de l'amour (début XIIe siècle) écrit sans hésiter que les femmes sont « l'origine et la cause de tout bien ». On est loin d'Eve complice du diable…

Prêtresse de l'amour, la femme médiévale vient nous dire, avec Iseult, que la force de l'amour défie la mort et en est victorieuse. Poétesse, Marie de France fait de l'amour l'axe et l'âme de son œuvre. Quant à Dante, la puissance des yeux de Béatrice est telle qu'il y voit meilleur moyen d'accéder à Dieu !

Dieu n'intervient-il pas, d'ailleurs, par le bras armé d'une femme pour que renaisse l'espoir, aux jours les plus sombres ? C'est tout le sens de la mission de Jeanne d'Arc, que chante Christine de Pisan : « L'an mil quatre cent vingt neuf, reprit à luire le soleil ».

Plus discrètes mais tout aussi agissantes, ces femmes de paysans de l'Europe médiévale que l'on voit, dans les actes de vente ou d'achats de terre- et aussi dans les testaments- donner expressément leur accord pour toute décision mettant en jeu le patrimoine familial. La femme, gardienne du foyer, est, au sens plein. La maîtresse de maison et veille sur les intérêts de la lignée.


Il ne faut cependant pas idéaliser : à la fin du Moyen âge ceux qui diabolisent la femme n'ont pas désarmé et un inquisiteur dominicain affirme : « Son aspect est beau, son contact est fétide, sa compagnie mortelle. » Il est vrai que le métier de ce saint homme est de traquer et d'exterminer les sorcières (son ouvrage s'intitule Le marteau des sorcières ) et pour lui il y a évidemment, en toute femme une sorcière qui sommeille… Tant de femmes, décrétées sorcières, sont mortes brûlées vive sur les bûchers, aux XVIe et XVIIe siècles, qu'il faut beaucoup corriger la vision trop optimiste donnée souvent de la Renaissance et de son héritage soi-disant lumineux.


Le mépris bourgeois de la femme

D'autant que l'époque moderne voit la montée en puissance d'une bourgeoisie déjà misogyne dans ses fabliaux du XIIe siècle, où il est dit que « Femme est faite pour tromper ». De Louis-Philippe à la IIIe République, les bourgeois puritains du XIXe siècle, clients assidus des maisons closes, n'ont pas de scrupules moraux, ni de crise de conscience lorsqu'il s'agit d'exploiter ignominieusement dans leurs usines des femmes usées trop tôt, détruites physiquement et mentalement par des travaux harassants. Minées par la prostitution, le manque d'hygiène, la mauvaise alimentation, la maladie, l'alcoolisme, les femmes des « classes dangereuses », les ouvrières (souvent paysannes happées et broyés par le mirage citadin), portent une marque d'infamie gravée comme un fer rouge par les bonnes âmes. Ce scandale permanent est dénoncé par quelques courageuses comme Georges Sand ou Louise Michel, la « vierge rouge » de la Commune, dont le combat inlassable contre l'injustice est exemplaire.

La revanche des femmes vient avec la guerre de 1914-18 : les hommes paralysés dans la boucherie des tranchées, elles font face et assument, en serrant les dent. Beaucoup d'entres elles ne verront pas revenir le fiancé, le mari, les frères, les fils… Leurs filles et petites filles s'en souviendront et n'oublieront pas le message.

L'émancipation  des femmes, qui est la révolution culturelle la plus importante du XXe siècle est pour un Européen forcément positive. Mais, comme toute révolution, celle-ci peut déraper, contenir le meilleur mais aussi le pire. Les outrances du féminisme, qui prétend libérer las femme en niant ou ridiculisant la féminité, débouchent sur la négation des spécificités masculine et féminine, font entrer dans le domaine de l'absurde et nuisent plus que tout à la cause qu'il prétend défendre.

La nécessité d'atteindre un judicieux équilibre dans la répartition des rôles entre l'homme et la femme, basée sur les réalités de la nature, s'inscrit dans les meilleures traditions européennes et, depuis Platon,  le thème de l'union des contraires est au cœur de la pensée européenne. Il est clair qu'un tel modèle sociétal est incompatible tant avec le port du voile importée par les Sarrasins, qu'avec l'hystérie de style MLF. En fait, la conception qu'on se fait de la place et du rôle de la femme est bel et bien un choix de civilisation.

Les « vénus » préhistoriques aux formes généreuses trouvées en bien des régions d'Europe, de la Dordogne à l'Autriche et à la Moravie, nous adressent un message à travers les millénaires : la femme est fécondité, elle est l'image de la Terre-Mère. Respecter la femme, c'est respecter la terre. Et donc la vie. Ceux qui méprisent aujourd'hui la femme et la terre ont la même maladie mentale. Fous d'Allah ou adeptes du Veau d'Or, ils ont une vision du monde qu'un Européen digne de ce nom ne peut accepter. Et qu'il doit combattre. Totalement !


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