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Europe identité
3 février 2005

La femme Européenne (Partie 3)

Dans le cadre du dossier sur la femme européenne je retranscrit ce texte trouvés dans la revue Terre et Peuple sur les conditions de vie de la femme dans le milieu sémite (y compris chrétien) et surtout musulman!

La femme chez les peuples du désert

On connaît la distinction, éclairante, qu’établit Ernest Renan entre les religions du désert et les religions de la forêt. Qui dit religion dit peuple, car la religion est l’expression, dans le champ du sacré, de l’âme, du psychisme d’un peuple. Autrement dit, cet historiens des religions, doublé d’un distingué linguiste, qu’était Renan définissait, à travers le critère religieux, un critère ethnique, à savoir des conceptions du monde incompatibles car fondées sur des valeurs trop opposées les unes aux autres pour pouvoir se rencontrer et se fondre. L’incompatibilité entre civilisations trop différentes- symbolisée par le contraste, spectaculaire et polymorphe, entre désert et forêt- est source de choc et se traduit dans tous les domaines de la vie des sociétés. Mais elle s’exprime avec une force emblématique dans certains secteurs particulièrement sensibles de l’organisation sociale. La place de la femme en fait partie.

 

Il est révélateur, à cet égard, de comparer la conception de la femme qu’ont les peuples de la forêt, dont font partie, entre autres, les Indo-Européens, et celle qui prévaut chez les peuples du désert, dont font partie, entre autres, les Sémites. C’est à l’univers mental de ces derniers que nous allons nous attacher, en y cherchant l’image de la femme qu’il propose.

 

La femme dans la Bible

Commençons par le commencement. La conception de la femme, est en effet dans les sociétés et religions monothéistes toutes nées au désert, étroitement déterminée par le message biblique. C’est le cas, évidemment, pour le premier en date des monothéismes, né au sein du peuple hébreu et d’ailleurs élément constitutif déterminant de ce peuple, mais aussi pour les deux autres monothéismes, le chrétien et le musulman, dont la matrice est biblique même si ils ont pris leur autonomie au fil du temps (On sait que Mahomet fut très influencé par le judaïsme et le christianisme dans la période fondatrice de sa prédication. Quant au christianisme, il fut d’abord un judéo-christianisme avant d’évoluer sous l’influencer de l’helleno-christianisme). Le cas du christianisme est cependant particulier car, malgré son origine sémitique, il a été profondément marqué par sa nécessaire adaptation aux mentalités européennes- gage de sa réussite historique. C’est pourquoi nous concentrons notre attention sur le monde juif et le monde musulman.

Toutes les vérités étant contenues dans la Bible hébraïque pour les juifs, c’est donc par elle qu’il faut commencer notre enquête. En allant au tout début du récit biblique, c'est-à-dire la lecture de la Genèse, premier livre du pentateuque. « Ce que dit celle-ci », remarque Jean-Paul Roux, « peut tenir en quelques lignes et pourtant ces lignes ont fixé pour toujours pour les confessions qui se référent à elles la position de la femme dans la société et ses rapports avec l’homme ».

Iahvé après avoir créé l’homme au sixième jour de la création, « prit une de ses côtes et enferma de la chair à sa place. Il bâtit en femme la côte qu’il avait donc prise de l’homme » (Genèse, II, 21-22). Donc la femme est seconde par rapport à l’homme, elle lui est donc naturellement subordonnée- c’est d’ailleurs l’homme qui donne son nom à d’Eve à la femme, alors que lui-même a reçu le sien, Adam, de Dieu, et le don du nom est un acte de possession. Puis arrive l’épisode décisif : au cœur du jardin d’Eden (le paradis) la femme, inspirée, tentée par le serpent, pousse l’homme à braver et enfreindre l’interdit fixé par Iahvé au premier homme ; «  Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir » (Genèse, II, 15)

La motivation d’Eve est intéressante à noter : « La femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance ». C’est donc la capacité de jugement, de décision- donc d’affranchissement- qui paraît intéressante à la femme… et que Iahvé ne veut pas laisser à la disposition de l’être humain qui, devenant libre et capable de définir lui-même le bien et le mal, échappe à Dieu… et se fait son égal. Iahvé punit donc l’homme et la femme, en les chassant du paradis, car plus encore que l’infraction à sa Loi, il craint que l’être humain devienne immortel - privilège de Dieu – en mangeant d’un autre fruit : «Maintenant qu’il ne tende pas la main pour prendre aussi de l’arbre de la vie, en manger et vivre à jamais ! » (Genèse, III, 22).

Eve, la tentatrice ayant elle-même cédé au tentateur, est donc chargée de la responsabilité à l’égard de l’humanité, qui doit désormais payer pour la pécheresse et porter à jamais le poids du péché originel, germe de mort. Les Juifs sont catégoriques : « C’est par la femme qu’a commencé le péché. C’est à cause d’elle que nous mourons tous » (Ecclésiastique, XXV, 24). Le juif Saul de Tarse devenu le chrétien Paul ne dira pas autre chose. Comme le résume Jean-Paul Roux, « après ces mots tout est dit, le reste n’est que broutille ».

La bible faisant peser dès le départ une telle charge de culpabilité sur la femme, il est normal que son sort soi peu enviable. Ainsi la polygamie est-elle admise. Les souverains hébreux possèdent d’ailleurs d’immenses harems et on ne voit pas d’inconvénients à ce que Salomon, célébré pour sa sagesse, ait sept cents épouses et trois cents concubines (Iahvé lui reprochant seulement d’en prendre certaines parmi des races étrangères…) ( I, Rois, XI,3).

Certes, est rappelé l’interdiction de prostituer sa fille (ce qui prouve que ce rappel est nécessaire…) Mais la femme adultère est punie de mort et la fille venant au mariage alors qu’elle n’est plus vierge sera lapidée. La répudiation de l’épouse se fait selon le seul bon plaisir de l’homme (Deutéronome, XXIV, 1-2). Et si l’impureté frappe la mère pendant quarante jours après la naissance d’un garçon, il faut huitante jours pour la naissance d’une fille (Lévitique, XII, 2-5).

La misogynie des textes bibliques est affirmée sans nuances : « Toute malice est petite auprès de la malice des femmes ». Ou encore : « Je trouve plus amère que la mort la femme, parce qu’elle est un traquenard, que son cœur est un piège et que ses bras sont des liens. » (Ecclésiaste,  VII, 26)

Les enseignements bibliques ont perpétué, au fil des siècles, une image de la femme que l’on retrouve aujourd’hui chez les juifs orthodoxes, que ce soit en Israël ou dans la diaspora. Les rabbins réglementent strictement la vie sexuelle. Chez les plus rigoristes – par exemple au sein du mouvement loubavitch, héritier d’une des plus importantes écoles de pensées du hassidisme – la femme est frappée d’impureté onze jours par mois (les quatre jours des règles, plus la semaine qui suit). Il est alors hors de question qu’il y ait le moindre contact entre elle et son mari : on ne se passe pas d’objet de la main à la main, on ne s’assoit pas sur le même fauteuil. Si un tel rigorisme est affirmé avec force chez les plus intransigeants, l’ensemble de la communauté juive, à travers le monde, reste cependant imbibé par les préceptes qui viennent du plus lointain passé du peuple hébreu.

En fait la fascination – répulsion des Sémites à l’égard de la femme crée une mentalité obsessionnelle, qu’on retrouve chez les arabes. Pour des raisons évidentes, selon Jean-Paul Roux : « Parce que les Arabes, chez qui l’Islam est né, sont des Sémites, comme les Hébreux, parce que leur livre sacré, le Coran, est truffé de réminiscences bibliques plus ou moins altérées ou, comme ils disent, corrigées, et parce que, comme les juifs, ils refusent l’incarnation et la trinité divine, ils sont plus directement que les chrétiens les héritiers du judaïsme, ils en demeurent plus proches ».

 

La femme dans l’Islam

Contrairement à l’hagiographie musulmane, qui veut faire du prophète Mahomet un bienfaiteur de la condition féminine, par rapport à ce qui se passait dans la société arabe préislamique, les sources historiques révèlent que nombre de femmes bédouines n’ont pas apprécié son action et son message, lui manifestant du coup une forte hostilité. Certaines d’entres elles ont même suscité des révoltes, ce qu’elles ont souvent payé de leur vie, de façon atroce. Ainsi Ibn Ishaq, repris et transmis par le célèbre historien Tabari, raconte comment Umm al-Quirfa et sa fille Salma furent écartelés entre deux chameaux, par ordre d’un Mahomet vindicatif et d’autant plus haineux que ce fussent des femmes qui aient osé le défier, l’humiliant ainsi devant ses partisans.

Dès la mise en place des premières sociétés musulmanes s’affirme le rigorisme de prescriptions qui ont pour but d’encadrer strictement la vie quotidienne du croyant. C’est « l’étourdissant réseau de prescriptions tissé par la charia » qui contrôle  les rapports intimes entre hommes et femmes, car « la doctrine musulmane qui prétend régir toute la vie du croyant au moyen d’une minutieuse législation (pour partie tributaire du Talmud), codifie également le cadre, la portée, les modalités et les conséquences de l’acte sexuel légalement considéré dans le mariage et hors mariage ». Or il est évident que toute la vie sexuelle des individus est dominée par «  le mur que l’Islam traditionnel érige entre les sexes ».

Les consignes données aux musulmans par le Coran (VIIe siècle) ou les hadith (paroles et actes du Prophète, rédigés au XIe siècle) sont sans ambiguité concernant « le statut très inférieur de la femme en terre d’Islam que l’on ne peut guère nier sauf par romantisme culturel ou flagornerie ». Le Coran affirme en effet clairement que la femme, créée par Dieu inférieure à l’homme, doit le rester et respecter ainsi la volonté divine. La femme étant impure, l’homme doit s’en écarter (pour s’en protéger) à l’occasion de tout acte de nature religieuse (prières quotidienne, présence à la mosquée). La polygamie est licite, Mahomet ayant d’ailleurs donné l’exemple en prenant 9 femmes.

Le mariage est conçu comme un contrat mettant à la disposition de l’homme un objet sexuel destiné à satisfaire ses pulsions, à son gré, le point de vue de la future épouse, n’ayant d’ailleurs aucune importance, puisqu’il n’est nul besoin de la consulter. Celle qui serait réticente peut être soumise au djahr (droit de contrainte matrimoniale, qui permet de soumettre l’intéressée par tous les moyens).Elle peut être répudié à tout moment (Bible et Coran à cet égard sont bien d’accord).

L’univers masculin et l’univers féminin sont totalement séparés, étanches : « L’existence de deux sociétés parallèles, isolées, sans passerelles de l’une à l’autre hormis celle de la sexualité, est l’un des caractères fondamentaux du monde musulman ».

Si le Coran spécifie qu’une musulmane ne doit pas épouser un non-musulman, le musulman ne peut épouser une « idolâtre », c'est-à-dire une païenne (une femme qui n’est ni musulmane, ni juive, ni chrétienne). Il ne peut non plus épouser une femme déjà mariée… sauf si c’est une captive de guerre (Coran, V, 22). Quant aux femmes soupçonnées d’infidélité, le remède est simple : «Battez-les » (Coran, IV, 34) (dans le meilleur des cas, car dans de nombreux pays, ajourd’hui encore, la lapidation est de règle… malgré les déclarations lénifiantes des autorités locales, qui nient une pratique pourtant avérée).

On peut épouser une fille dès l’âge de 9 ans (c’est à cet âge que le Prophète a défloré Aïcha). La femme a tout à redouter du temps qui passe : en effet si l’homme est censé se bonifier au fur et à mesure qu’il avance dans l’âge, le processus est exactement l’inverse chez la femme…

La diffusion de l’Islam par les Arabes chez les peuples qu’ils ont conquis s’est-elle traduite par un abaissement de la condition féminine ? La réponse doit être nuancée selon les peuples. Certains conservent, malgré l’islam, une vision de la femme qui lui reconnaît sa dignité. C’est le cas chez les Berbères, qui furent d’ailleurs guidés pendant de nombreuses années, lors des guerres de résistance contre les conquérants arabes, par une femme, la Kahina, qui est encore aujourd’hui une figure emblématique du combat, toujours actuel, des Berbères pour leur identité.

Par contre chez les Turcs, ralliés tardivement à l’Islam, la misogynie est évidente. Nizam al-mulk, grand vizir des Seldjoukides au XIe siècle, ne mâche pas ses mots : « Il faut pour qu’une entreprise ait un heureux résultat faire le contraire de ce que disent les femmes ». Au XVe siècle, au Caire, les théologiens rendent responsable d’une épidémie de peste… les femmes qui osent se promener dans les rues.

Les caractéristiques de la conception musulmane de la femme ont-elles évolué au fil du temps ? Il est révélateur que certains régimes tentés, au XXe siècle, de laïciser dans leur pays la condition féminine, aient fait machine arrière et intégré dans leur législation de plus en plus de dispositions issues de la charia. Par exemple, le code de la famille adopté en 1984 en Algérie confirmait la subordination de la femme (article 11 : « la conclusion du mariage pour la femme incombe à son tuteur matrimonial qui est soit son père, soit l’un de ses proches parents »).
Les jeunes musulmanes vivant dans les pays européens sont souvent tentées de s’émanciper d’une tutelle trop pesante en espérant, grâce à des études suffisamment poussées, obtenir les moyens d’une indépendance financière par le biais d’une activité professionnelle. Et à partir de là, une liberté de vie. Mais à ce modèle d’émancipation s’oppose un modèle de soumission, celui de la fille voilée, qui affirme le plus souvent faire ce choix par conviction religieuse et respect des traditions familiales. Mais combien le font par crainte de représailles ? L’exemple de ces filles des « cités » égorgées ou brûlées vives pour « inconduite » par des gardiens autoproclamés de la morale (souvent des parents) doit en réfléchir plus d’une…
François Fresnay


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Commentaires
R
c'est édifiant ! Les femmes sont effectivement toujours les premières victimes de l'intégrisme né du dogmatisme religieux
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